Roland Garros est une vrai vitrine médiatique pour la Fédération Française de Tennis du fait de l'exposition médiatique durant les quinze jours du tournoi. C'est aussi généralement l'occasion pour les spécialistes et les médias d'effectuer un état de santé du tennis français.
Si chez les hommes, le bilan semble plutôt prometteur avec deux joueurs en 1/8 de finales (Gasquet et Tsonga) en passant par de nombreuses belles performances (Mathieu, Mahut, Dewilder, Benneteau), cette édition va sonner la sonnette d'alarme d'un tennis féminin français à la dérive.
Pas une seule représentante en 1/16ème de finale, seulement 5 françaises dans les 100 premières mondiales, il est temps aujourd'hui au delà du constat, de chercher les causes et d'en tirer les conséquences.
Après une génération précédente exceptionnelle, la question peut se poser. Comment succéder à Amélie Mauresmo, Mary Pierce, Nathalie Dechy, Emilie Loit et plus anciennement à Nathalie Tauziat qui ont monté le tennis féminin français sur le devant de la scène (victoire en Fed Cup, plusieurs victoires et finales en Grand Chelem, victoire au Masters...).
Pourtant cette génération est-elle dénuée de talent ? Évidemment non car de nombreuses joueuses ont prouvé leur qualités en atteignant le top 20 (Alizée Cornet, Virginie Razzano, Aravane Rezaï), alors pourquoi cet état actuel ?
Pour Virginie Razzano, le drame qu'elle a vécu les dernière années avec la maladie puis le décès de son compagnon et entraîneur explique en partie son recul au classement. Sa victoire contre Serena Williams au premier tour est d'ailleurs un signe encourageant de retour au jeu.
Idem pour Aravane Rezai, les problème familiaux rencontrés l'année dernière peuvent aussi expliquer ses difficultés actuelles et avec son retour à l'académie Moratouglou, elle montre sa volonté de revenir à son meilleur niveau.
Les cas d'Alizée Cornet est particulièrement frappant : dans les 20 premières mondiales avant les JO de 2008 où elle rencontre son ancien compagnon, un plongeur Autrichien, elle entame sa descente aux enfers à ce moment là. Coïncidence ?
Une chose qui est frappante aujourd'hui chez nos meilleures représentantes, c'est la tendance actuelle à partager son entraîneur et sa structure d'entraînement avec d'autres joueuses : Pauline Parmentier et Alizée Cornet s'entraînent avec Georges Goven et Mathile Johanson partage son entraîneur avec Petra Cetkovska.
Comment aujourd'hui dans un sport de haut niveau aussi individualiste que le tennis peut-on envisager de ne pas avoir une structure d'entraînement réellement personnalisée ? Comment un entraîneur, aussi compétent qu'il soit peut-il se concentrer sur deux joueuses en même temps ? Idem pour un préparateur physique.
A mon sens c'est une abération, qui est d'ailleurs visible dès le plus jeune âge où la fédération continuent d'obliger les joueuses à faire partie de pôle alors qu'un système de bourse pour se créer une équipe personnalisée serait beaucoup plus efficace et beaucoup plus productive.
Le problème du tennis français actuel n'est pas à mon sens un problème de talent, mais un mélange de tout un tas de facteur personnels et structurels. Pour retrouver un tennis féminin compétitif dans l'avenir, il faut se poser la question aujourd'hui des structures de formations existantes, de leurs limites et de comment les dépasser.
Mais la fédération est-elle prête à remettre cela en question ?