Les bases de l'entraînement sportif

 
 
Faisant suite à l'article sur la définition d'objectif de saison, je vous propose aujourd'hui un article plus global sur l'entraînement sportif et les bases qui la composent. Comprendre les fondements de l'entraînement, c'est l'assurance pour l'entraîneur mais également le joueur d'un travail ciblé, réaliste et donc d'un degré important de motivation durant la saison.

Cet article va volontairement se placer plutôt du point de vue de l'entraîneur qui est celui qui va initier la démarche, mais s'adresse également à tous les joueurs désireux de connaître un peu mieux le processus.
 

Quelques définitions de l’entraînement sportif :

Avant de rentrer plus en détail dans la procédure de l'entraînement sportif, il semble important de définir ce terme :

· MATVEIEV (1972) : « Processus de développement et d’augmentation graduelle, l’entraînement sportif est tout ce qui comprend l’entraînement physique, technico-tactique, intellectuel et morale à l’aide d’exercice physique. Ce processus est ininterrompu avec un caractère essentiel : la périodicité de certaines phases. »
 
· MANNO (1989) : « L’entraînement a pour objectif de développer les adaptations nécessaires à l’organisme pour qu’il produise un effort approprié à la discipline pratiquée. Ce développement des adaptations est provoqué par des stimuli biologiques qui sollicitent une réaction organique, psychologique et affective. »
 
· CAZORLA (1989) : « Le but de l’entraînement est d’amener le sportif au mieux de son état de forme pendant les périodes de compétition les plus importantes, ceci en fonction des capacités physiques du sujet et des exigences de la performance envisagée. »
 

1^er phase : analyse de la situation

Cette première phase est cruciale. Il faut analyser plusieurs choses :

· L’organisation générale de l’association : il y a-t-il un responsable pédagogique, un projet de club, un projet pédagogique, quels sont les objectifs du club pour vous, pour vos sportifs, quelle durée vous donne t’on pour réaliser les objectifs ?

· Les moyens : quels sont les moyens matériels et humains dont vous disposez, sur quels locaux pouvez vous compter, quel budget le joueur ou le club met-il à disposition pour réaliser les objectifs ?

· Vos sportifs : quel est le niveau de votre groupe (résultats années précédentes, évaluation technique, tactique, physique et mentale), quels sont leurs objectifs pour la saison, quels moyens veulent t’ils se donner pour réaliser ces objectifs, à la fois en terme de moyens financiers, mais également en terme de temps ?
 

2^nd phase : déterminer le ou les objectifs de la saison :

Cette phase permet de donner du sens à l’entraînement que va subir le sportif : c’est essentiel pour maintenir la motivation du sportif à son maximum durant le processus d’entraînement. Pour cela, une concertation entre le sportif et son entraîneur est primordiale. Attention toutefois, il ne faut pas oublier de répondre aux exigences fixées par les dirigeants de l’association et les orientations prises par le projet pédagogique.

Deux types d’objectifs sont possibles :
· De performance (ou de résultat) : réaliser une performance à un moment donné, ou maintenir un niveau de performance élevée durant toute une saison : en un mot « gagner » ou être le meilleur possible face aux autres (ex : gagner un tournoi important ou finir dans les 3 premiers du championnat).
 
· De maîtrise : progresser dans une activité, sans forcement évoquer une confrontation (ex : battre son record personnel, améliorer sa maîtrise technique en se donnant une échéance précise).
 
Un objectif de performance permet une motivation très importante chez le sportif, mais par contre, provoque une peur de l’échec pouvant conduire à un blocage psychologique le jour de l’échéance. On utilise ce type d’objectif avec des sportifs confirmés. Un objectif de maîtrise évacue cette pression que peut subir le sportif mais peut le conduire à un désintérêt de la compétition qui n’est plus l’objectif principal.
 
En fonction des différents événements pouvant survenir lors d’une saison (blessures, mauvais début de saison, ou au contraire résultats inespérés), il est possible (et même conseillé) d’ajuster cet objectif.

Pour plus de précision, vous pouvez consulter l'article : Début de saison, comment déterminer vos objectifs ?

 

3ème phase : déterminer les objectifs intermédiaires

Pour réaliser l’objectif principal de la saison, il faut déterminer les progrès à réaliser. Ces progrès à réaliser sont appelés objectifs intermédiaires. Ces objectifs sont très importants car ils permettent au sportif de se repérer précisément dans son processus d’entraînement. On pourrait comparer cette phase en comparant avec la préparation d'un grand voyage avec une destination finale, mais également des étapes qui vont permettre d'avancer vers ce point final.
 

4ème phase : la planification de l’entraînement

Déterminer les compétitions principales sur le calendrier :
Il faut déterminer le ou les objectifs principaux de la saison. Le but sera de se présenter dans le meilleur état de forme possible lors de ces compétitions.
Attention, ces compétitions ne doivent pas être trop nombreuse, ni trop rapprochées au risque de créer une fatigue et un stress trop important chez le sportif.
 
Déterminer les compétitions secondaires ou de préparation :
Très importantes pour amener progressivement à son meilleur niveau le sportif. Le résultat importe moins que la progression du sportif. Elles permettent par exemple de mettre en place un nouveau système de jeu, un nouveau programme, etc.

Planifier l’entraînement :
Il s’agit de déterminer les grandes séquences durant toute l’année (encore appelée cycle d’entraînement). Il faut déterminer des objectifs à atteindre pour chaque cycle, et veiller à la progressivité de ces cycles afin d’être le plus efficace possible. Une compétition secondaire peut se situer durant un cycle, par contre, une compétition importante viendra obligatoirement à la fin d’un cycle d’entraînement.
 
Il existe différents grands types de cycles : technique, tactique, mentale, physique, repos. Généralement, la durée de ces cycles est de 4 à 6 semaines, sauf les périodes de repos qui dépasseront rarement 2 semaines.
· Technique : permet de travailler les lacunes, ou d’améliorer le potentiel d’un sportif.

· Mentale : mettre en confiance le sportif, amélioration de la concentration, la volonté de dépassement, le goût à l’effort, et les attitudes positives.

· Tactique : précède toujours une compétition et se trouve placée derrière une période technique (application des acquis techniques en situation), et suite à une compétition (corriger les lacunes observée en compétition).

· Physique : développer les capacités physiques indispensables à l’activité. On travaille de la préparation générale vers la préparation spécifique à l'activité.
 
· Repos : décompresser (vacances, activités différentes).
 
Au sein de ces grands cycles seront déterminés des microcycles qui viseront des objectifs précis.
 
Effectuer éventuellement un réajustement de la planification :
En cas d’impondérables, il est possible, voire nécessaire de réajuster la planification en fonction des nouveaux besoins.
 
Programmer les entraînements dans la semaine :
Il faut placer judicieusement les entraînements dans la semaine. Il faut les espacer suffisamment pour optimiser la récupération. On évitera ainsi (si cela est possible) de programmer les entraînements deux jours de suite.
Il faut aussi faire attention au type d’équipement mis à disposition pour déterminer le type d’entraînement.

 

5eme phase : la démarche pédagogique

Cette phase est primordiale car même si le déroulement des 4 premières phases est bon, si la démarche pédagogique n'est pas adaptée à chaque élève, il y a de forte chance que le travail proposé ne soit pas aussi efficace que prévu, et donc nuise à la réalisation de ou des objectifs déterminés.

La pédagogie est une notion complexe. Selon PARLEBAS, « c’est une pratique d’intervention normative qui recherche une influence prés d’autrui dans une perspective explicite de formation »
 
L’apprentissage :
Il y a quelques années, quatre grands types d’apprentissage étaient utilisés :
· L’apprentissage visuel : on regarde l’enseignant et on réalise
· L’apprentissage oral : on écoute l’enseignant et on réalise
· L’apprentissage guidé : on se laisse dirigé puis on réalise seul
· L’apprentissage à blanc : on fait semblant puis on réalise
 
Seulement, de nombreuses études scientifiques ont montré qu’un sportif ne peut assimiler, puis réaliser efficacement que lors d’un apprentissage moteur (essai, répétition, évolution et/ou assimilation). Ces quatre apprentissages sont donc inefficaces seuls.

De plus :
· L’apprentissage visuel demande une démonstration parfaite car sinon, le sportif imitera quelque chose de faux
· L’apprentissage oral ne permet pas la compréhension d’actes simultanés.
· L’apprentissage guidé se fait en fonction des caractéristiques de l’enseignant (taille, temps de réaction, force…) différentes de celles des élèves.
· L’apprentissage à blanc n’introduit pas les notions de temps ni de force.
 
Toute la notion d’apprentissage moteur est basé sur la progressivité des situations et leur répétition afin d’automatiser le geste sportif.
 
Nous pouvons le schématiser ainsi :
 
 
 
 
 
L’intérêt de cette pédagogie est d’être adaptée aux possibilités de chaque élève, lui permet de se faire sa propre expérience, de prendre ses propres repères d’après les situations mises en place et expliquées par l’enseignant.
 
Les modes d’enseignement (la méthode pédagogique) :
Dans un article de 1996, P. MEIRIEU fait le point sur la notion de méthode pédagogique. Selon lui, il n’y a pas une méthode ou la bonne méthode mais des méthodes adaptées à une élève, à un contexte.

Nous allons nous intéresser à deux auteurs qui ont analysés l’acte pédagogique :
 
1. Les travaux de LESNES :
Il a travaillé sur les Modes de Travail Pédagogique (MTP). Trois MTP sont proposés et caractérisés :

· Mode transmissif : l’enseignant possède le savoir qu’il transmet selon une pédagogie du modèle et selon un pouvoir absolu·  
 
· Mode incitatif : emploi d’une pédagogie de la découverte ou l’enseignant partage son pouvoir dans un rapport égalitaire
 
· Mode appropriatif : l’élève est considéré comme actif dans son apprentissage. On est dans un domaine démocratique, autonome.
 
2. Les travaux de PIERRON :
Il propose des styles d’enseignement autour de quatre catégories :

· Par commandement : l’enseignant donne une information que l’élève utilise et exécute. 
 
· Par tâche : une certaine autonomie est laissée à l’élève qui va gérer le rythme des apprentissages, l’ordre des activités, la quantité de travail.
 
· Par évaluation réciproque : le travail en coopération et la co-évaluation est la clé de voûte de ce style
 
· Par programme individuel : une fiche de travail libère l’enseignant des tâches d’organisation, de gestion temporelle et de se concentrer sur l’interaction.
 
Il est possible d’utiliser successivement ces modes pédagogiques en fonction du thème de la séance, ou de l’objectif de cycle. Le style pédagogique n’est pas figé.
 

Conclusion

Au delà de sa qualité de pédagogue, l’éducateur doit fournir un travail préparatoire très important pour être le plus efficace possible et permettre à ses sportifs de sépanouir et progresser. Il est important toutefois que le joueur s'implique également dans ce processus afin de donner du sens à son travail sur le terrain.

Plus le niveau des sportifs est important, plus la préparation sera primordiale dans l’obtention des résultats attendus. De plus, il est important pour l’éducateur de se questionner sur son intervention pédagogique, à commencer par se demander si sa méthode d’intervention est la plus adaptée à son groupe ou à son sportif. Une remise en question permanente est le garant de l’amélioration de l’intervention pédagogique et donc d’un travail de qualité.

Il est également important de ne pas confondre la méthode pédagogique qui a été détaillée dans cet article avec les moyens pédagogiques qui vont la composer. La question des moyens spécifiques au tennis sera traitée plus en détail dans un prochain article.
 
 

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